Regard sur l’évolution de la structure du secteur forestier
Les marchés émergents
La mondialisation des marchés forestiers continue à stimuler la transformation du secteur forestier canadien. Par conséquent, la concurrence sur les marchés d’exportation s’intensifie. Par exemple, de nouveaux acteurs européens, sud-américains et russes représentent une forte concurrence pour les exportateurs canadiens dans des marchés qu’ils dominaient autrefois. En raison de la mondialisation, des entreprises internationales souhaitent investir au Canada, plus particulièrement dans le secteur des pâtes et papiers. De même, les entreprises canadiennes investissent beaucoup à l’étranger depuis quelques années, notamment aux États-Unis et en Europe.
De nombreux facteurs motivent le secteur forestier canadien à saisir les occasions qui le placeront comme chef de file mondial en matière de produits forestiers durables et novateurs. Parmi les facteurs déterminants, on compte la mondialisation, la baisse de la demande pour des produits classiques comme le papier journal, le protectionnisme croissant, les effets cumulatifs des perturbations forestières causées par les changements climatiques et l’engagement mondial grandissant envers la croissance propre.
Les projets (et les produits) à faibles émissions de carbone qui répondront à la demande du marché et aux préférences des consommateurs sont essentiels pour soutenir la transition du secteur forestier vers la bioéconomie. Ces projets comprennent notamment les bioplastiques, les bioraffineries, les nanocristaux de cellulose, les sucres utilisés dans les produits chimiques et l’intelligence artificielle pour les activités réalisées en temps réel. Cette transition vers la bioéconomie aidera le secteur à mieux s’adapter aux défis en matière d’approvisionnement en fibre ainsi qu’aux marchés en évolution.
De nos jours, il se peut que vous portiez des vêtements faits de rayonne issue de la pâte d’arbres canadiens. La fibre de bois renforce les pièces automobiles en composite, ce qui permet de rendre les véhicules plus légers, de réduire les émissions et de remplacer le plastique dérivé de ressources fossiles non renouvelables. De plus, vous pouvez retrouver la cellulose des arbres dans l’écran de votre téléphone intelligent et dans la peinture sur vos murs.
La mobilisation des ressources locales
La mobilisation des ressources locales comme moyen d’atténuer les changements climatiques ou de s’y adapter est désormais une priorité. Les solutions naturelles axées sur la séquestration du carbone forestier ou sur l’atténuation des risques de feux de végétation sont attrayantes pour les grandes multinationales des secteurs non forestiers ainsi que pour les petites collectivités canadiennes.
La mobilisation des ressources forestières locales présente également aux collectivités rurales et autochtones un nombre croissant d’occasions de créer de nouvelles activités économiques. Par exemple, grâce à un nombre croissant d’ententes de tenure avec les Autochtones, les collectivités autochtones développent une expertise en matière d’aménagement forestier durable et se tournent vers la bioénergie afin de réduire leur dépendance au diesel.
Les produits de la nouvelle génération
Le secteur forestier canadien est un chef de file dans l’établissement de nouvelles manières d’utiliser la biomasse forestière afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’ajouter de la valeur à notre bioéconomie émergente. Dans le cadre de la bioéconomie, des ressources de biomasse renouvelables et obtenues par des méthodes durables permettent d’offrir au public une gamme élargie de produits industriels et destinés à la consommation.
La biomasse qui provient des arbres, des produits agricoles et des résidus organiques issus des procédés de récolte ou de transformation du bois d’œuvre, sert à fabriquer des produits comme des additifs alimentaires, des textiles, des matériaux de construction, des pièces automobiles, des bioplastiques, des produits biochimiques et du biocarburant pour les véhicules et les avions. Les biocarburants servent également à produire de la chaleur et de l’électricité, notamment dans les collectivités éloignées, remplaçant ainsi les carburants à plus forte émission comme le diesel.
Trouver une utilité pour chaque partie de l’arbre
Les entreprises canadiennes du secteur forestier s’efforcent de trouver une utilité pour toutes les parties des arbres et, ce faisant, contribuent à la croissance de la bioéconomie du Canada. Par exemple, les scieries produisent des résidus sous forme de copeaux de bois ou de sciure. Ces résidus sont utiles et peuvent être transformés en panneaux, en produits de papier ou en granules de bois destinés à un usage national ou une exportation internationale. En fait, ces mesures ont contribué à réduire de 38 % les émissions de GES du secteur forestier, entre 2006 et 2016.
Le bois transparent, l’impression 3D et la technologie furtive
Qu’il s’agisse de bois d’œuvre, de paillis dans le jardin ou de gobelets à café en papier, les Canadiens et Canadiennes sont entourés au quotidien de produits forestiers classiques. Cependant, ils pourraient être surpris d’apprendre que des scientifiques et des entrepreneurs utilisent de plus en plus la biomasse forestière dans la fabrication d’articles comme les écrans de cellulaires, les blocs de béton et les piles. Ces usages non classiques stimulent et renforcent la bioéconomie canadienne.
Transformer les déchets en matériaux à valeur élevée
Des matériaux novateurs issus de la forêt, qui sont le produit de techniques scientifiques de pointe et d’une réflexion créative, sont de plus en plus accessibles sur le marché à titre d’options de remplacement pour les matériaux classiques non renouvelables. Les intervenants de l’industrie des pâtes et papiers, qui cherchent à accroître la valeur ajoutée de leur chaîne d’approvisionnement, souhaitent vivement convertir les résidus en produits spécialisés.
Par exemple, la lignine est une composante de la fibre ligneuse qui est extraite dans le cadre du processus de trituration. Elle peut être utilisée dans la création de bois densifié qui est aussi solide que l’acier ou encore, de bois transparent qui est plus résistant et isolant que le verre. Il est à noter que la lignine correspond à la source de carbone renouvelable la plus répandue sur la Terre, après la cellulose. La lignine peut également être utilisée pour fabriquer de nouveaux produits comme la mousse carbonique. Ce matériau solide et léger capable d’absorber le son et la radiation pourrait être utilisé dans les avions et les bateaux comme isolant, dans les panneaux muraux et pour la technologie furtive.
L’innovation continue
Le secteur forestier évolue de manière à offrir de nouveaux moyens pour que les Canadiens et Canadiennes tirent avantage des forêts. L’innovation croissante dans le secteur permet la création de nouveaux bioproduits renouvelables et durables, qui contribuent à la diversifier le secteur forestier et à accroître la bioéconomie.
Les possibilités d’innovation comprennent l’utilisation accrue de la biomasse provenant des sites récoltés. Généralement, aucune valeur commerciale n’est associée à la biomasse et elle est laissée dans la forêt. Or, il est possible de transformer cette biomasse, y compris les branches et les petits feuillus, en copeaux de bois, puis d’en extraire la résine. La biomasse subsistante après le processus d’extraction est transformée en polymère de bioplastique. La résine et le polymère sont ensuite recombinés au moyen d’une technologie brevetée afin de créer un bioplastique résistant et léger pouvant être utilisé dans les imprimantes 3D. Dans ces imprimantes, le bioplastique est chauffé et extrudé à travers une buse, déposant des couches superposées de bioplastique afin de former un objet complet à trois dimensions.
D’autres exemples d’innovation comprennent la production de tapis de fibre de bois d’ingénierie pour remplacer les éléments en fibre de verre dans les voitures; la réaffectation d’usines de caoutchouc pour produire un composant des bouteilles de boisson gazeuse en plastique à partir de biomatériaux tels que le carton et la sciure de bois; et la conversion de résidus de scierie en 40 millions de litres d’huile de chauffage d’origine renouvelable par an.
Étant donné l’évolution du marché mondial des produits forestiers, la compétitivité du secteur forestier canadien et des collectivités qu’il soutient repose sur l’innovation. Il s’agit également d’un élément essentiel au maintien de la réputation d’excellence environnementale du secteur.
Le Comité de l’innovation du CCMF
En 2013, le Comité sur l’innovation du CCMF a été mis sur pied afin de faire progresser les enjeux liés à l’innovation qui sont pertinents pour l’ensemble des provinces et des territoires, favorisant ainsi le maintien de la compétitivité du secteur forestier canadien. Le Comité s’efforce notamment de partager des informations, de définir des priorités et de recommander des domaines d’action à présenter aux sous-ministres du CCMF. Le Comité de l’innovation du CCMF est coprésidé par la Colombie-Britannique et Ressources naturelles Canada.